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L’huile de palme: arrêtons la catastrophe
La troisième ronde de négociations commerciales entre le Canada et l’Indonésie, qui a débuté cette semaine, devrait porter sous nos yeux un défi important. Les pourparlers avec l’Asie du Sud-Est sont à voir d’un bon œil si tant est qu’elles représentent de belles occasions sur le plan des technologies vertes. Le Québec a d’ailleurs rendu publique, il y a plusieurs années, une stratégie vis-à-vis de cette région du monde. Un enjeu représente cependant un véritable danger : celui de l’huile de palme.
Un secteur rétrograde, écocide et violent
L’huile de palme est aujourd’hui l’huile végétale la plus répandue au monde. L’Indonésie en est le principal pays producteur, suivi de la Malaisie. Les importations canadiennes en huile de palme ont augmenté, depuis 2008, de 400 pour cent. On la trouve principalement dans de nombreux cosmétiques, dont le shampoing, les savons et les dentifrices, plusieurs aliments, ainsi que dans certains bio-carburants.
L’industrie dominante de l’huile de palme est un véritable désastre. Les zones qui tombent sous sa coupe sont sujettes à une déforestation agressive qui menace plusieurs espèces fauniques, dont les orangs-outans, et plusieurs types d’oiseaux. Pour libérer l’espace requis aux plantations de palmiers, de grandes zones forestières sont détruites, parfois par incendie, laissant un air pollué aux résidents environnants.
C’est sans compter que ce secteur, souvent sous contrôle des seigneurs de guerre et avec la complicité de multinationales, connaît son expansion en chassant les populations locales, souvent autochtones, ainsi qu’en exploitant des mineurs à des salaires médiocres et dans des conditions plus que déplorables.
Lorsque nous tartinons nos rôties d’une tartinade aux noisettes de marque bien connue le matin, nous répandons le fruit d’une véritable catastrophe humaine, sociale et environnementale. Un accord commercial avec l’Indonésie pourrait favoriser l’amplification de ce cataclysme, impliquant une production et des exportations encore plus imposantes, entraînant encore plus de déforestation en Asie.
Quelques pistes de solutions
Fort heureusement, les négociations du Canada avec l’Indonésie pourraient fournir un levier important à Ottawa pour freiner cette calamité, permettant à l’État canadien d’exiger un changement drastique de situation.
Puisqu’on peut supposer que l’Indonésie fera pression, dans le cadre de ces négociations, pour plus d’entrée d’huile de palme au Canada, Ottawa pourrait très bien exiger la démonstration que le produit exporté chez nous soit réalisé dans des conditions éthiques, durables et transparentes, ce qui implique nécessairement de robustes et restrictifs mécanismes de traçabilité. L’huile de palme peut et doit être produite dans de meilleures conditions, tant au niveau de l’écoresponsabilité que de l’interdiction du recours au travail forcé.
Finalement, nous pourrions imiter l’Union européenne et l’Asie du Sud-Est, qui ont mis sur pied un groupe de travail exclusivement consacré à la question de l’huile de palme dans le cadre de l’accord qui les lie.
Malgré les perspectives alléchantes d’une entente commerciale avec l’Indonésie, personne au Québec ne souhaite être complice d’un effroyable malheur. Il y a lieu d’être exigeants envers Ottawa avant d’accepter l’entente qu’elle tentera, comme à son habitude, de nous imposer dans l’opacité la plus totale.
Simon-Pierre Savard-Tremblay, Porte-parole du Bloc québécois en commerce international, Député de Saint-Hyacinthe—Bagot
Source : www.journaldequebec.com