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L’huile de palme toujours bouillante, mais le reste se stabilise
Les cours de l’huile de palme continuent leur course folle, dopés par la suspension des exportations indonésiennes, mais le reste des marchés agricoles s’est stabilisé, calmé par la perspective d’un rééquilibrage entre offre et demande.
Depuis l’annonce de l’interdiction par le gouvernement indonésien, il y a dix jours, l’huile la plus consommée au monde, dont le prix était déjà proche de sommets historiques, a pris près de 14 %. Le coup d’arrêt de l’Indonésie, qui assure ordinairement plus d’un tiers des exportations mondiales, « maintient un marché extrêmement fort cette semaine, avec de nouvelles tensions sur le très court terme pour pallier les décisions indonésiennes », observe Gautier Le Molgat, analyste d’Agritel.
« Sur l’huile de palme, l’embargo ne pourra être que temporaire, ou sinon le pays aura un problème de stockage », explique Damien Vercambre, du cabinet Inter-Courtage. « Pour l’instant les gens vont vivre sur leurs réserves, ceux qui n’en ont pas devront acheter au prix fort, et on espère tous que l’embargo sera levé fin mai. S’il se maintient, alors ce sera un problème.
Après avoir embrayé à la suite de l’huile de palme, le reste des oléagineux s’est tassé ces derniers jours, à des prix toujours très élevés néanmoins. « On a vu les marchés atteindre de tel niveaux et à une vitesse si élevée », justifie Jason Roose, du courtier américain US Commodities, qui souligne que l’effet est encore accentué par la montée inexorable du dollar, conjuguée à l’affaiblissement des devises de nombreux grands importateurs. « Quand les prix restent si hauts pendant si longtemps, la demande a tendance à ralentir » , dit-il.
Pour Jason Roose, le phénomène se ressent déjà sur le marché de la viande, avec un cours du porc américain qui a chuté de plus de 16 % en deux semaines, sous l’effet d’un coup de frein des exportations.
Météo favorable
Au-delà des oléagineux, le vent a un peu tourné ces derniers jours pour les céréales, nourri par des nouvelles positives sur la production. En Ukraine, l’organisation professionnelle UCAB a dit estimer que 70 % des surfaces initialement prévues seraient plantées lors de la campagne de printemps, malgré la poursuite du conflit armé. « Cela a été un peu une surprise », a commenté Brian Hoops, du courtier Midwest Market Solutions. « Beaucoup de gens redoutaient que rien ne soit implanté. »
Au Brésil, la Compagnie nationale d’approvisionnement (Conab) a affirmé que les conditions météorologiques dans plusieurs grands États producteurs en avril avaient été favorables à la deuxième récolte de maïs, appelée safrinha, traditionnellement la plus importante en volume. Autre amélioration notable, celle du temps dans la « Corn Belt », la zone du nord des États-Unis où est concentré l’essentiel de la culture du maïs et où les pluies abondantes avaient retardé les semis. « La météo est loin d’être idéale, mais une fenêtre s’est ouverte », selon Brian Hoops.
Dans le même temps, les pluies se sont déplacées dans le sud du Midwest, ce qui a bénéficié au blé, jusqu’ici en grand manque d’eau, selon Jason Roose. « Cela ne se voit pas tellement dans les cours, mais des fermiers du Kansas m’ont dit que les pluies qu’ils avaient eu ces deux, trois derniers jours ont changé la donne. » Par ailleurs, le ministère américain de l’agriculture estime désormais que la production de céréales au Canada pour la campagne à venir va rebondir de 30 % après une année calamiteuse, sacrifiée par la sécheresse.
« Pour ce qui est du marché des céréales, la fin de campagne approche, et il y a moins de « deals » sur le marché », note Gautier le Molgat, pour qui « il y a une stabilisation du marché à des niveaux élevés. « Les marchés prennent simplement une respiration », abonde Jon Scheve, du courtier Superior Feed, avec des prises de bénéfices. Pour autant, tempère-t-il, « il y a toujours beaucoup de facteurs qui plaident pour une hausse ». L’incertitude reste vive autour des exportations ukrainiennes. « C’est un défi logistique incroyable », avec des bombardements perturbant le transport routier et ferroviaire, qui tente de se substituer, partiellement, au fret maritime, toujours paralysé par la guerre.
Autre question brûlante qui taraude le marché, « est-ce que l’Inde va exporter ou non du blé », explique Jon Scheve. Frappé par une canicule historique à une période décisive pour la culture du blé, le deuxième producteur mondial pourrait ne pas être en mesure de soulager le marché mondial, comme il en avait émis le souhait.